De la prise de conscience du mitage du territoire est née la LAT, avec des quotas d’utilisation du sol pour quinze ans, par canton, selon leurs perspectives de développement. Neuchâtel a dû faire l’inventaire de ses réserves à construire et les réorganiser/diminuer par région, selon les principes édictés : densification, lien avec les transports publics, outils contre la thésaurisation des terrains… Le sol doit être perçu comme un bien commun non renouvelable, même s’il relève de la propriété privée.
La lutte contre le gaspillage du sol passe par la densification. Dans les plans d’aménagement actuels, il peut y avoir un rapport de 3 entre les indices d’utilisation du sol[1] des zones d’habitation à haute et à faible densité[2] (voire 6 dans les zones déjà construites), d’où un risque de ségrégation sociale.
En Suisse, en 2019, plus de la moitié (57 %) des bâtiments à usage d’habitation sont des maisons individuelles[3] . Cette part a progressé jusqu’en 2012. De 2001 à 2011, 74 % des logements construits étaient des villas individuelles ! En 2011, un colloque de Patrimoine suisse s’interrogeait : « La villa individuelle, un modèle dépassé ? »
Le célèbre architecte Luigi Snozzi[4] a mené à Montecarasso (TI) un processus de restructuration du territoire communal. Dépasser les prescriptions quantitatives des règlements par des visées qualitatives a permis de densifier le village, zones villas y compris.
La densification doit être de qualité[5] , des indices semblables peuvent donner des résultats très différents. La qualité d’un quartier dépend de son urbanisme, de son architecture et de ses espaces publics. Les concours favorisent une meilleure qualité du construit.
L’initiative « biodiversité » veut renforcer les mesures pour préserver tant la nature, les paysages, l’environnement construit, le patrimoine bâti que la biodiversité et ainsi préserver notre cadre de vie.
L’importance de la construction pour le climat[6] a été démontrée (cycle de vie du bâtiment, de l’extraction des matériaux à la démolition) : les politiques climatiques misent sur des rénovations avec énergies renouvelables et réemploi des matériaux.
Dans l’espace public, les lieux qui font la ville et créent le lien social, la végétalisation devient indispensable pour éviter les îlots de chaleur. L’urbanisme peut améliorer les quartiers existants, en les soulageant de leur trafic (Clos-de-Serrières).
Le patrimoine bâti appartient à notre mémoire collective, comme notre environnement naturel. Nous avons l’immense chance de vivre dans un merveilleux cadre : préservons-le !
1969 Article constitutionnel fédéral sur l’aménagement du territoire 1972 Arrêté fédéral instituant des mesures urgentes en matière d’aménagement du territoire 1979 Loi fédérale sur l’aménagement du territoire 2012 Lex Weber 2013 LAT, loi fédérale révisée 2018 Initiative populaire « pour l’avenir de notre nature et de notre paysage » (« biodiversité ») 2018 Plan directeur cantonal 2019 Refus de l’initiative « Stop au mitage » 2021 Contre-projet du Conseil fédéral à l’initiative « biodiversité » |
[1] Rapport entre surfaces de plancher déterminantes et surface de terrain déterminante.
[2] Règlement d’aménagement des communes de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.
[3] Office fédéral de la statistique, mars 2021.
[4] 1932-2020. Voir sa leçon inaugurale à l’EPFL, Projeter pour la ville.
[5] TRIBU Architecture, Quelle densité ?, 2012. VLP-ASPAN, Densifier avec qualité, Congrès du 29 mai 2015.
[6] Patrimoine suisse, Campagne climat et culture du bâti, juin 2021.