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Lorsque le Patrimoine renaît de ses cendres

Notre association s’est construite autour de Jean-Ulysse Debély, architecte actif de la fin du 19e siècle au début du 20e qui réalisa des œuvres très variées à travers tout le canton : villas bourgeoises, fermes, écoles, logements ouvriers, bâtiments de la Banque cantonale à La Chaux-de-Fonds et à Cernier… Le tout avec un grand souci du détail et de l’esthétisme tant pour un bâtiment officiel que pour une maison ouvrière. L’architecte militait-il pour l’égalité des classes ? En tout cas, il s’appliquait à la matérialiser à travers une élégante égalité de traitement ! De même pour la question religieuse : ce descendant de pasteur protestant a rendu une église aux catholiques du Val-de-Ruz, lui prêtant les traits si particuliers de son art.

Ce personnage a laissé un vaste ensemble bâti très caractéristique. Il combine socle en pierre et toiture originale voire alambiquée, parfois avec tourelles ou échauguettes, ce qui rend la datation d’une bâtisse très difficile à première vue… sauf pour qui connaît déjà l’auteur !

Debély a inventé sans hésiter un style que les architectes suivants se sont vus imposer dans quelques quartiers de Cernier, afin d’y préserver une certaine harmonie. Sans peut-être le savoir, car il est décédé en 1932 à seulement 59 ans, il a façonné une partie de l’identité ainsi que le paysage de notre région horlogère.

La connaissance de cette architecture très originale, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, est malheureusement restée restreinte au folklore populaire. L’historien Maurice Évard a cependant consacré une partie de sa vie à effectuer des recherches sur cet architecte contemporain avec Le Corbusier. Notre camarade Claire Wermeille, ancienne conseillère communale à Cernier, avait débuté un recensement de ses bâtiments et lui avait rendu un hommage sous la forme d’un portrait dessiné sur le mur de sa maison natale.

Avec la croissance de la population à Val-de-Ruz et la pression immobilière engendrée, certaines œuvres se sont trouvées menacées… Notre groupe au Conseil général s’est activé, déposant une motion – largement acceptée – afin d’en accélérer et préciser le recensement dans le cadre de l’élaboration du PAL. Une commission a été formée et chargée de recenser et d’évaluer la valeur historique et architecturale de ces bâtiments. Ce fut un exercice très intéressant, qui a donné lieu à une pesée d’intérêts multifactorielle. Il fallait entre autres tenir compte également de la perte énergétique de certains bâtiments, de la praticabilité des rénovations, etc.

 Le succès médiatique du sujet a éveillé l’intérêt de la population. Des citoyennes et citoyens ont souhaité s’impliquer pour protéger, valoriser et étudier ce patrimoine que nous avons tous les jours sous les yeux mais qui reste à découvrir ! Des propriétaires, dont certains inquiets d’une protection de leur bâtiment, ont pleinement adhéré à la cause. Des architectes, des historiens, des juristes et même des politiques se sont joints à eux pour créer une association. L’associatif permet en effet des démarches complémentaires à la politique, ouvertes à un autre public ; il est parfois nécessaire, pour continuer un engagement, de passer par la voie d’une personne morale. L’Association pour la sauvegarde du patrimoine bâti du Val-de-Ruz (ASPVR) était née ! Elle a déjà commandé un guide à la SHAS[1], ce qui est une autre manière de permettre à des spécialistes d’étudier nos archives.

La protection du patrimoine légué par Jean-Ulysse Debély a fait prendre conscience à notre région de la nécessité de protéger plus largement son identité historique tout comme la nature afin de permettre un développement régional durable et harmonieux.

[1] Société d’histoire de l’art en Suisse.

Lorsque le Patrimoine renaît de ses cendres

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