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L’Ukraine au cœur des discussions

Compte-rendu de la table ronde tenue au dernier Congrès du PSN

Le 14 mai, le PSN se réunissait aux Brenets. À cette occasion, une table ronde, animée par Matthieu Lavoyer-Boulianne, a débattu de la situation liée à l’Ukraine. Quel regard porter sur les récents événements internationaux ? Comment intégrer ces récents bouleversements et les questions qu’ils soulèvent à notre action en tant que socialistes suisses et neuchâtelois ? Autant de thèmes sur lesquels des intervenant·es de différents horizons ont échangé durant un peu plus d’une heure avant de poursuivre le débat avec les camarades présent·es dans la salle et sur le terrain.

Le public a pu compter sur la présence de trois camarades de qualité qui ont croisé leurs réflexions :

  • Silvia Locatelli, secrétaire régionale d’Unia, pour le regard de la société civile et du monde syndical ;
  • Florence Nater, conseillère d’État, pour le regard cantonal, notamment en matière de politiques sociale et migratoire ;
  • Pierre-Alain Fridez, conseiller national jurassien, membre de la commission nationale de sécurité et délégué auprès du Conseil de l’Europe, pour le regard fédéral.

En préambule, il a été unanimement relevé la stupeur et l’effroi provoqués par cette guerre d’agression, si absurde et si proche de nous. Le sentiment qu’entre le monde d’avant et celui d’après, les repères se brouillent, les questions deviennent plus graves et fondamentales, l’engagement politique prend encore plus de sens. Jusque dans notre paisible Helvétie, les événements nous ont bousculés et obligés à repenser notre action. Partant de là, le débat a été particulièrement fructueux. Nous retenons ici trois des principaux thèmes abordés.

La politique d’accueil 

Alors que des milliers d’Ukrainien·nes prenaient et prennent encore les routes de l’exil, Florence a souligné le défi auquel doit faire face le Canton. Il s’agit d’agir vite et d’être au rendez-vous. L’urgence et la nécessité d’accueillir de nombreuses et nombreux réfugié∙es ont permis une forte mobilisation, au-delà des services de l’État. De nombreuses initiatives locales et des témoignages de solidarité ont eu lieu, c’est à saluer. Cette nouvelle dynamique d’accueil doit toutefois être accompagnée de manière adéquate et nous aider à progresser sur ces thèmes. Ainsi, certaines limites de la loi sur l’asile ont été mises en lumière, de même que le caractère souvent sélectif de la solidarité. Au-delà de l’urgence et des défis du moment, au-delà de la façon dont on va accueillir et soutenir les personnes qui arrivent aujourd’hui, il est essentiel de réfléchir dès à présent à la manière de faire évoluer notre politique d’accueil. Est-on en mesure de la faire progresser sur l’expérience que l’on vient de vivre ? Est-on en mesure de garantir un traitement équitable non seulement aux Ukrainien·nes mais aussi aux autres réfugié·es ? Ou encore, sommes-nous capables de nous préparer aux futurs mouvements de population qui ne manqueront pas, en raison de guerres ou encore des changements climatiques ? Il ne tient qu’à nous de relever ces défis futurs, sur la base de l’expérience acquise. Un constat aujourd’hui encourageant est que des moyens d’accueil ont pu être déployés rapidement et de manière efficace, avec la mise en place de cours de langues ou l’attribution du permis S. À nous de nous assurer que ces dispositifs soient entretenus et élargis à toutes les personnes qui cherchent l’asile en Suisse.

La sécurité et la neutralité

Pierre-Alain est intervenu sur la politique sécuritaire et le dilemme du réarmement. Il a opportunément rappelé que la Suisse, par sa géographie, est entourée de membres de l’OTAN (à l’exception de l’Autriche). De fait, la Suisse bénéficie de la protection de l’Alliance et en est, en quelque sorte, un passager clandestin. Paradoxalement, avec le réveil d’une Europe de la défense, notre pays est ainsi plus en sécurité aujourd’hui qu’il y a quelques mois. Dans ce contexte et compte tenu de notre situation géographique, il est indispensable de s’interroger sur la sacro-sainte neutralité suisse. En réalité, nous sommes dans le camp des démocraties occidentales. À ce titre et compte tenu de sa tradition humanitaire, la Suisse a effectivement un rôle important à jouer en matière de promotion de la paix et des droits humains. Mais au lieu de cela, le contexte pousse à la peur et à l’action pour l’action. Des milliards sont débloqués pour l’armée à Berne, sans stratégie claire pour les dépenses et sans réflexion sur les besoins réels de notre armée. Le conflit en Ukraine a pourtant montré que les moyens conventionnels, notamment les chars d’assaut, pouvaient être contrés par des armes plus légères. Comme dans le cas des avions de combat F35, la droite du Parlement fédéral a une guerre de retard et cela se révèle très coûteux. C’est regrettable, à l’heure où la sécurité de la population doit être garantie, non seulement par la promotion de la paix et la défense de l’État de droit, mais aussi face à d’autres défis, notamment climatiques.

Les leçons politiques

Si la droite est opportuniste dans le contexte actuel, Silvia a souligné que la gauche devait, elle aussi, plus que jamais réaffirmer ses principes et ses visées. Il faut s’attaquer aux dysfonctionnements que connait notre pays. On peut penser à la prépondérance des intérêts économiques, dont l’influence doit être remise à sa juste place et limitée, mais aussi à la politique d’accueil et aux droits des étrangers, qui doivent être renforcés, sans oublier la lutte contre le dumping salarial, pour éviter de précariser encore plus celles et ceux qui le sont déjà. La situation en Ukraine est bien la preuve que la dérive nationaliste que vit la Russie, comme dans une moindre mesure la Suisse et de nombreux pays européens, mène au conflit. Nous devons nous mobiliser encore et toujours pour l’enrayer. Enfin, les événements récents ont mis en lumière notre dépendance énergétique envers des pays peu fréquentables. Le débat sur l’écologie devient dès lors encore plus pressant ; il doit être mené également en considérant sa dimension foncièrement sociale. La voix de la gauche doit être audible et déterminée pour faire progresser ces causes qui nous tiennent à cœur et sont promesses d’avenir.

L’Ukraine au cœur des discussions

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