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Article du point
Personne ne quitte sa maison à moins d’habiter dans la gueule d’un requin. Tu ne t’enfuis vers la frontière que lorsque toute la ville s’enfuit comme toi.

Mon adhésion au Parti socialiste date d’un peu plus d’une année seulement. Je m’étais engagée avec la ferme intention de concrétiser autrement mes engagements citoyens et de porter la voix de celles et ceux qui ne peuvent pas faire entendre la leur. Les Neuchâtelois∙es m’ont fait confiance ; après une campagne riche en échanges, me voilà députée au Grand Conseil. 

Pour être tout à fait honnête, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et je me suis dit plus d’une fois que mes envies étaient peut-être trop utopiques. Mais j’avais hâte de siéger et de découvrir le fonctionnement de notre parlement.

Chaque session apporte son lot de dossiers à traiter mais certains résonnent particulièrement en moi et me donnent envie de prendre la parole pour les défendre en plénum. J’avais déjà ressenti cette petite pointe de stress qui monte quand le président nous donne la parole mais ce que nous avons vécu le 30 mars, avec mes camarades, en défendant notre amendement à la recommandation 22.130 «Conflit ukrainien, notre canton doit ouvrir largement ses portes !», était particulier et précieux à mes yeux. À la fin février, l’urgence avait saisi les partis politiques, mais rapidement, une injustice flagrante nous a sauté aux yeux : pourquoi eux et pas tous les autres ? Un amendement s’imposait, pour élargir la démarche aux « zones de conflit ailleurs dans le monde» et aux «personnes qui courent un risque de persécution dans leur pays ». 

Nous n’étions pas persuadé∙es que notre amendement passerait la rampe car nous savons combien il est délicat d’aborder la question de l’asile. Encore plus pour tenter de rendre égalitaires les droits de tous et toutes les réfugié∙es.

C’est un sujet qui me tient à cœur et je me devais de prendre la parole pour faire entendre les mots si justes de la poétesse Warsan Shire et montrer à tous et toutes les réfugié∙es présent∙es dans notre canton que nous ne les oublions pas. Que leur sort compte pour beaucoup d’entre nous.

Je n’ai jamais autant tremblé qu’en tenant ces feuilles entre mes mains. En partageant mon texte, j’ai ressenti une telle puissance, j’avais la sensation que ce que je faisais avait un sens. Je me suis assise et j’ai senti les larmes me monter aux yeux. Cette émotivité n’est pas un handicap, au contraire, c’est une force ! Et ce jour-là, elle a payé. Le Parlement a voté pour notre amendement et pour la recommandation. 

Cet instant l’a confirmé : c’est exactement pour des moments comme celui-ci que je me suis engagée. 

J’ai hâte de partir à la rencontre des associations qui abattent un travail énorme sur le terrain, pour envisager la suite et faire en sorte que les choses continuent d’évoluer dans le bon sens  ; celui d’un accueil digne et égalitaire pour tous et toutes.

Le titre est tiré du poème Home de Warsan Shire (traduction par le Boojum)

Personne ne quitte sa maison à moins d’habiter dans la gueule d’un requin. Tu ne t’enfuis vers la frontière que lorsque toute la ville s’enfuit comme toi.

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