Article du point
14 juin 2022

Trois ans après la Grève féministe de 2019 qui a fait descendre plus d’un demi-million de personnes dans la rue, nous y revoici : occuper la rue pour manifester en faveur de plus de droits et de la simple égalité semble rester d’actualité pour les femmes de Suisse et de partout ailleurs. Deux années de pandémie qui ont mis en lumière la recrudescence des violences domestiques ; un droit à l’avortement toujours attaqué et remis en question, des réformes des retraites injustes et bien (trop) d’autres éléments nous font dire que cette manifestation doit continuer à avoir lieu.

Cette année, les grèves féministes ont été principalement axées sur le thème de l’AVS. Alors que les femmes sont toujours payées environ 20 % de moins que les hommes, la réforme AVS21 veut tout de même les faire travailler plus longtemps. Le peuple sera appelé à se prononcer sur cette réforme contestée lors des votations de septembre. De leur côté, les jeunes PLR s’attaquent aux retraites avec une initiative déposée l’an passé. En soi, encore un sujet qui semble passionner la jeunesse de droite… qui oublie de prendre en considération un aspect pourtant évident, le simple fait qu’il est injuste de proposer une « égalité » de traitement pour l’âge de la retraite tant que l’égalité dans les faits n’est pas réalisée dans la société de manière plus large.

Mais la question des retraites n’est de loin pas le seul problème dénoncé un peu partout en Suisse ce 14 juin (et tous les autres jours de l’année). La liste est longue, les thématiques sont nombreuses. Heureusement pour nous, les manifestantes le sont aussi.

À côté des retraites, arrive bien entendu la thématique du consentement, des agressions sexuelles, sur fond de révision du droit pénal sexuel. Avec la règle « seul un oui est un oui », le principe de consentement serait mis au centre lorsqu’il s’agira de traiter pénalement les agressions sexuelles. Malheureusement, le chemin est encore long ; les majorités bourgeoises du Parlement semblent avoir de la peine à vouloir faire avancer les discussions en offrant aux femmes des droits et une sécurité qui devraient pourtant couler de source. À quand des structures qui permettent aux femmes de porter plainte plus facilement et avec plus de sécurité ? À quand une éducation qui apprenne aux hommes à ne pas agresser ? Les victimes sont trop nombreuses et il est essentiel de pouvoir promettre à la moitié de la population qu’elle sera protégée et qu’elle est entendue, en prenant des vraies mesures.

En somme, le 14 juin, les femmes exigent inlassablement du respect pour leur place dans la société. Un respect qui doit se traduire par l’égalité salariale et par la prise en compte de leurs opinions, mais aussi s’étendre à d’autres pans de notre population, comme les personnes migrantes et les LGBTQIA.

Dans les rues de Neuchâtel, pour défendre la place des femmes dans notre société, le cortège était composé de membres de partis politiques et de syndicats, de jeunes et de moins jeunes et de personnes de tous les genres. Finalement, si cette journée nous rappelle certes qu’il y a encore bien trop de raisons pour descendre dans la rue, elle nous montre aussi ce que la solidarité peut être, ce qu’un mouvement peut apporter comme espace de discussion, de soutien, d’écoute et, on l’espère, de base de processus politiques. Car les choses doivent changer et nous sommes en droit d’espérer que bientôt le 14 juin sera une fête de célébration de nos droits, plutôt qu’une journée de revendications.

Photo : Delphine Guinchard

14 juin 2022

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