Le 26 novembre, la population de Val-de-Travers va se prononcer sur une initiative émanant des groupes Agora et UDC, qui souhaitent que le Conseil communal soit élu directement par le peuple, à la proportionnelle. Oui, il est intéressant que la question soit posée, que la population puisse donner son avis (en espérant un taux de participation à la hauteur de l’enjeu), il est important que le choix de l’Exécutif d’une entité soit réfléchi. Mais non ! cette initiative ne fait pas sens à Val-de-Travers et cette proposition n’est pas judicieuse.
D’abord parce qu’à Val-de-Travers, les conseillers communaux (ce n’est malheureusement pas un oubli de langage inclusif, il n’y a aucune femme à l’Exécutif) sont des politiciens certes, mais conduisent également des équipes et assument une grande partie de la gestion de leur dicastère. Les compétences requises dans leur activité dépassent très largement les qualités politiques attendues. Nos conseillers communaux sont au four et au moulin, il ne leur suffit pas d’avoir une vision et un programme pour mener à bien leurs missions, leur fonction exige tout un arsenal de compétences.
Dans une commune de l’envergure de la nôtre, il apparaît ensuite clairement que l’élection du Conseil communal par le peuple freinerait bien des dossiers en période de campagne électorale. Nous ne voulons pas que notre Exécutif ait l’immobilisme pour couleur politique six voire douze mois tous les quatre ans. Les thèmes et les dossiers sont parfois sensibles, nous avons besoin que nos conseillers communaux remontent leurs manches durant tout leur mandat, sans la frilosité, irritante au plus haut point, de qui cherche à ne contrarier personne. Jusqu’ici le Conseil communal de Val-de-Travers a fait preuve d’une collégialité exemplaire ; il faut que cela perdure, sans que ses membres ne soient tentés de tirer la couverture à soi dans l’espoir de donner une image favorable à la population. L’élection indirecte permet au Conseil communal de se consacrer avec soin à l’entier de ses missions.
Par ailleurs, le système proportionnel prévu favoriserait les partis proposant le plus de candidat∙es. Cela signifie que chaque parti devrait proposer cinq candidat∙es (le langage inclusif revient, l’espoir aussi) : cinq personnes de qualité, prêtes à s’investir dans une campagne, à assumer l’exposition médiatique d’une telle campagne, à renoncer à leur poste de travail actuel en cas d’élection. Ou faudrait-il des candidat∙es alibis, qui refuseront leur siège à peine élu∙es et seront remplacé∙es par d’autres – que la population n’aura finalement pas choisi∙es ?
Oui, il est bon de questionner l’ordre établi, mais il faut le reconnaître lorsqu’un système fonctionne – et fonctionne bien. Les élu∙es du législatif sélectionnent le Conseil communal de Val-de-Travers avec soin par le biais d’auditions dans chaque parti. La sélection tient compte de la vision politique des personnes mais aussi de leurs compétences professionnelles et de leur capacité à travailler de manière collégiale et efficace.
Enfin, il n’est pas inutile de relever que depuis la naissance de la Commune de Val-de-Travers en 2009 (« fusionnez ! » qu’ils et elles disaient… et ils et elles avaient raison), les membres du Conseil communal ont toujours été très largement plébiscité∙es sur les listes pour le Conseil général lorsqu’iels se sont représenté∙es, signe que la population a bel et bien son mot à dire sur la qualité du travail effectué et adhère aux recommandations des partis politiques communaux.