Bas salaires, inégalités salariales, difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle en raison de l’absence d’une réelle politique dans le domaine : tous ces phénomènes impactent la vie des femmes à la retraite. Elles gagnent moins et cotisent moins en moyenne que les hommes et se retrouvent ainsi avec des rentes plus faibles à la retraite. Une réalité qui plonge un grand nombre de femmes dans le risque de la précarité. Des promesses avaient été faites. La pseudo-réforme LPP les a oubliées. Il s’agit d’une nouvelle arnaque.
Durant le débat sur AVS21 et donc sur l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, la problématique de la précarité des femmes à la retraite avait déjà été mise en avant mais la majorité bourgeoise du Parlement n’en a pas tenu compte, promettant l’amélioration des rentes pour les femmes dans le cadre de la réforme LPP. Toutefois, sans surprise, ces promesses n’ont pas été tenues, alors même que les différentes études et données démontrent que les femmes reçoivent environ deux fois moins de rentes du 2e pilier que les hommes. Ce « gender pension gap » peut atteindre jusqu’à 41,5 % pour les femmes ayant des enfants par rapport aux hommes dans la même situation.
Une amélioration, vraiment ?
La réforme LPP voulue par la majorité du Parlement imposerait des cotisations supplémentaires et réduirait massivement le pouvoir d’achat des travailleuses et travailleurs à bas salaires. Et, nous le savons, les bas salaires sont une réalité qui s’observe dans les branches majoritairement féminines. Les cotisations prélevées pourraient augmenter de jusqu’à 2 400 francs par an, péjorant ainsi le revenu disponible des femmes tout au long de leur vie active. En raison de la baisse prévue du taux de conversion, beaucoup d’entre elles – particulièrement les travailleuses de plus de 50 ans – verraient même leur rente diminuer. La réforme aurait aussi un effet en cascade pour les personnes qui se verraient réduire leur droit aux prestations complémentaires. Au final, donc, la réforme n’apporterait aucune véritable amélioration pour celles qui bénéficieraient des faibles mesures compensatoires attribuées aux générations transitoires.
Un avenir incertain, du travail non reconnu
De plus, le projet de réforme n’inclut pas de mécanisme pour compenser l’inflation et n’éviterait donc pas une détérioration continue des rentes. Ainsi, les plus jeunes n’auraient aucune garantie que leur rente ne se dégraderait pas jusqu’à l’arrivée à la retraite.
Par ailleurs, la rente du 2e pilier repose essentiellement sur les revenus du travail alors que les femmes consacrent en moyenne deux tiers de leur temps à des travaux non rémunérés, tels que le soin aux enfants et aux personnes âgées. Ce travail, essentiel au fonctionnement de notre société, n’est tout simplement pas reconnu ou valorisé. Contrairement au système AVS, le cadre du 2e pilier ne donne pas droit à une compensation financière pour cette partie du travail.
Bref : une arnaque !
Nous pouvons l’affirmer : la réforme proposée ne répond pas aux besoins des femmes en matière de rentes. Elle perpétuerait les inégalités existantes plutôt que de pallier les lacunes en matière de prévoyance qui touchent les femmes. Des améliorations concrètes des rentes des femmes sont désormais plus que nécessaires pour rectifier les injustices systémiques persistantes dans le système de prévoyance. Dans l’immédiat, disons NON à l’arnaque LPP !