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Le courage de la rupture

Dans le numéro de novembre dernier, quelle ne fut pas mon heureuse surprise de découvrir le texte de notre président, qui faisait état des moyens dont doit se doter la gauche pour s’assurer la victoire ! Néanmoins, au-delà de « la gauche » comme entité abstraite et polymorphe, et sans parler de tactiques (je laisse ce vocable aux stratèges et à l’art de la guerre), je m’interroge : le Parti socialiste doit-il changer ?

La question est rhétorique : le Parti socialiste doit changer de cap. Souvenons-nous : notre but n’est pas de participer à la bonne marche du capitalisme, mais de le renverser. Cela implique, avant toute chose, d’assumer une politique radicalement de rupture : rompre avec la seule perspective des petits pas et plus généralement avec le social-libéralisme réformiste qui mine notre parti. Les réformes, les votations et les élections, lorsqu’elles améliorent la vie des 99 %, sont évidemment toujours bonnes à prendre et à soutenir. Cependant, elles ne doivent pas être perçues comme un but en soi, mais comme un moyen de tracer un chemin vers le socialisme.

Rompre avec le sentiment de l’omnipotence partisane. Seule une gauche unie nous permettra de bâtir le socialisme comme système global. Or, le PS ne peut y parvenir seul. C’est la raison pour laquelle l’union, seule, est la condition de la victoire à même de changer la vie. Union avec les autres partis de gauche, les syndicats, les mouvements sociaux, les collectifs militants et les mouvements activistes… fussent-ils insoumis, voire désobéissants pour le climat !

Rompre, enfin, avec la sacralisation de la fonction exécutive. Car participer aux exécutifs revient à participer à l’administration d’une société inégalitaire et discriminatoire. Le PS doit en être conscient et ne doit plus considérer cette participation comme une nécessité ou un acquis. Notre parti doit effectuer une pesée des intérêts et décider au cas par cas si une telle participation nous rapproche ou non de nos objectifs. Et le cas échéant, le PS doit s’imposer de critiquer ses propres magistrat∙es, dans le cas où ces dernières ou ces derniers défendraient des politiques de régression sociale. Des magistrat∙es dont il n’est pas acceptable qu’elles et ils ne rendent pas de comptes à leur propre parti. Pour l’anecdote, présent lors du Congrès du PSS d’octobre 2022 à Bâle, j’ai été sidéré par le manque d’empathie de notre conseiller fédéral qui, pourtant sous le feu des critiques et au milieu de camarades acquis à la cause de la gauche, n’a pas eu un seul mot à l’égard de celles et ceux qu’il a blessés par ses prises de position au nom de la sacro-sainte collégialité. Sans doute nombre d’entre nous auraient-iels compris la dualité de ses décisions, s’il avait eu l’élégance de rappeler qu’elle n’est pas le fait de son opinion mais de sa fonction. Il n’en fut rien. À la tribune, surplombant l’assemblée, l’homme et le pouvoir ne faisaient plus qu’un. Ce jour-là, la social-démocratie m’a laissé dans la bouche le goût amer de la social-médiocratie.

Camarades, Jean Jaurès définissait le socialisme comme l’amour de la justice et l’exigence de la solidarité.

Puissions-nous rajouter le courage, radical, de la rupture.

Le courage de la rupture

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