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Le PS doit s’engager dans les gouvernements et sur les terrains économiques et financiers

Le 29 février, se clôturera l’année des 175es anniversaires de la République neuchâteloise et de la Constitution fédérale, célébrés de diverses manières au cours des 366 jours écoulés. Ce fut autant d’occasions de rappeler les valeurs d’égalité et de solidarité, la volonté d’indépendance et le souci de la prospérité qui ont constitué les valeurs fondatrices de la République et les bases de l’État fédéral moderne.

 Plus anecdotique, le 29 février sera pour moi le dernier jour de mon mandat au Conseil d’État et de près de vingt ans dans un exécutif [1]. Je quitterai ces fonctions avec une immense reconnaissance, conscient du privilège qui m’a été offert de pouvoir les exercer ; et d’y représenter le parti socialiste, d’y faire vivre les valeurs rappelées plus haut, respectivement de faire progresser les idéaux que nous poursuivons – ces idéaux qui portent toujours les noms de l’égalité, de la dignité et de la liberté pour toutes et tous, et ont comme moyens la solidarité et la prospérité.

Le but n’est pas ici de tirer un bilan de l’action des autorités auxquelles j’ai participé. Tout au plus puis-je me dire aujourd’hui heureux de voir restaurées la confiance et l’image positive du canton, malgré les difficultés traversées. Je quitte aussi mes fonctions avec sérénité en considérant la solidité retrouvée de l’État et de ses finances, le climat apaisé entre les régions et l’ouverture aux réformes affichée ces dernières années par la population neuchâteloise.

Dans la tribune qui m’est offerte, je souhaite aborder deux sujets, qui sont des préoccupations récurrentes pour notre parti.

Le premier : sa présence dans les gouvernements. Évidemment, après vingt ans d’exécutif, il serait surprenant de me lire mettre en doute l’utilité d’une participation. Mais ces vingt années me permettent aussi de témoigner combien, quotidiennement, la présence à l’exécutif permet d’exercer une réelle influence sur le cours des choses et offre des espaces très concrets pour l’initiative et l’action.

En matière financière par exemple, là où presque tous les cantons ont adopté dans leur législation des règles de pure restriction visant à limiter l’endettement, Neuchâtel possède aujourd’hui une loi prévoyant que l’État doit consacrer un montant minimal – et non maximal – à l’investissement. Moderniser, assainir, développer les infrastructures essentielles à la prospérité du canton et à l’épanouissement de sa population justifie de réserver une part des ressources de l’État. Cela est de la première importance.

La même loi comprend des mécanismes permettant de protéger les prestations et les structures de l’État contre les effets des chocs conjoncturels. Ne pas exposer l’État aux variations de la conjoncture, c’est garantir la continuité de ses prestations, la confiance que les citoyen·nes peuvent placer en lui et éviter de systématiques remises en question de ses structures au nom de l’équilibre financier. C’est donc renforcer sa crédibilité et sa capacité d’action, et c’est tout aussi essentiel.

Ces innovations, sans être spectaculaires, ont bel et bien contribué à consolider plutôt qu’à affaiblir les finances de l’État, contrairement au reproche que l’on fait trop souvent à la gauche. Elles ont bien sûr été adoptées par le Parlement, mais sont d’abord le fruit de réflexions, d’analyses et de propositions qui naissent dans le dialogue entre le gouvernement et l’administration et des impulsions ainsi données depuis le gouvernement. Sans présence au gouvernement, les approches habituelles, techniques et inspirées de la philosophie du moins d’État, se seraient sans doute imposées.

Je pourrais citer d’autres exemples, notamment dans la santé, où de multiples intérêts particuliers et financiers dominent et où le Parlement fédéral a voulu instiller de la concurrence plutôt qu’une logique de service public. Malgré ce contexte, notre canton a réussi à mettre en place, puis maintenir et élargir une convention collective de travail unique pour une très large partie de ce secteur. Il a pu le faire notamment grâce à l’engagement des représentants de gauche au gouvernement, en appui au travail des partenaires sociaux, et parfois avec le recours à des votes populaires pour s’opposer aux velléités d’affaiblissement manifestées par le Grand Conseil.

La présence et l’influence de la gauche au sein des exécutifs, j’en suis plus convaincu que jamais, est déterminante pour obtenir des progrès concrets.

 Deuxième sujet : les questions économiques et financières, qui ont longtemps figuré en bonne place parmi les préoccupations du parti et ont souvent évolué sous la responsabilité de magistrats socialistes. Or, pour la première fois depuis septante ans [2], les représentants socialistes ne seront plus, dès mars 2024, en charge ni de l’économie, ni des finances au sein du gouvernement neuchâtelois.

Certains se diront peut-être que les thématiques spécifiques sur lesquelles s’affiche en général notre parti sont davantage les thématiques sociales et de la santé, l’égalité, l’intégration et le logement ; et qu’en conséquence, il y a quelque chose d’assez « naturel » à voir la droite responsable de l’économie et des finances, milieux avec lesquels elle entretient des liens aisés.

À mes yeux, il y aurait à l’inverse quelque chose de contre-nature, et sûrement même de dangereux, à voir le parti socialiste, parce qu’il n’aurait plus de ministre en charge dans ces domaines, s’en désintéresser.

Les questions économiques, ce sont en effet celles de la prospérité, des équilibres régionaux et territoriaux, de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ; c’est surtout une influence prépondérante sur tous les thèmes liés à l’emploi et à l’intégration professionnelle, et donc sur les conditions de l’indépendance économique de chacun·e, de sa formation tout au long de son parcours professionnel, de sa participation à la vie de la collectivité et de ses relations sociales. Les finances, elles, permettent d’influencer la répartition des richesses via la fiscalité et l’attribution des budgets publics, ainsi que de contribuer à la solidité de l’État.

 Même s’il n’a plus de représentant directement en charge de ces domaines au Conseil d’État [3], le parti socialiste ne peut donc s’en désintéresser ni arrêter de se soucier des conditions favorables au développement de l’activité économique ou aux grands équilibres financiers. Il ne peut pas davantage envisager de couper le dialogue avec les acteurs concernés. C’est notamment avec eux que doivent se penser les réponses aux questions, urgentes, de la répartition des fruits de la prospérité et de la capacité des ménages neuchâtelois à faire face à l’augmentation des prix ; et c’est notamment au PS qu’il appartient de le faire !

[1] Vu les huit ans et demi passés préalablement au Conseil communal de La Chaux-de-Fonds.
[2] Soit depuis 1953, alors que la présence du parti au gouvernement ne remonte qu’à 1941.
[3] À part les questions liées à l’emploi – séparées de l’économie – maintenues sous la responsabilité de Florence Nater.

Le PS doit s’engager dans les gouvernements et sur les terrains économiques et financiers

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