Parti Socialiste Neuchâtelois

Il est 23 h 40 du mat’. Séance puis réponses aux courriels et messages passées, Camarade Papa (Gauz, 2018) me fait de l’œil. Posée à côté de mon lit, cette fenêtre d’évasion concurrence sérieusement l’écran de mon natel sur lequel je m’apprêtais à rédiger mon éditorial.

Il faut dire que Margaux et Johanne auront décidément attendu jusqu’au dernier jour du délai que je m’y attelle. Et d’un point de vue purement rationnel, n’est-ce pas en écrivant cet édito que je serai le plus utile au Parti, plutôt qu’en profitant d’un plaisir littéraire ?

Je crois ma foi que de répondre « oui » à cette question relèverait d’un mirage… Nous, politiques, ne sommes certes rien sans l’action et les combats du quotidien. Mais mener ces luttes sans prendre le recul nécessaire à se connecter avec le reste de l’humanité serait vain.

Et sans Zola pour nous faire ressentir les débuts bouillonnants et sanglants de l’injustice capitaliste, Malraux qui nous fait échapper à l’absurdité de notre condition humaine par la lutte pour un idéal, Beauvoir qui nous amène subtilement à questionner toute notre société, et tant d’autres, nous ne pourrions avoir conscience de tout le sens de notre engagement.

Mais lire, c’est bien plus encore ressentir, aiguiser son empathie qui chaque jour s’émousse à la lecture d’études, rapports ou autres documents vierges d’aspérités émotionnelles. Des yeux qui brillent ou un sourire qui surgit au détour d’un paragraphe sont au moins aussi précieux qu’une statistique bien placée.

Alors prenons le temps de nous nourrir de sentiments, de vécus qui ne sont pas les nôtres mais qui nous permettront de comprendre l’Autre.

Camarade, la prochaine fois que tu t’absenteras à une séance pour dévorer un roman, promis, tu seras excusé. Cela ne sera que justice pour compenser cet édito écourté par mon désir de me plonger, ne serait-ce qu’une page, dans ces eaux à la fois si abstraites et si proches de notre humanité que sont celles de la littérature.