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Article du point
Ma Suisse en 2030 par Baptiste Hurni

Prédire l’avenir est un exercice périlleux. On peut être tenté de dresser une liste à la Prévert de ce que l’on aimerait, mais on comprend vite que rêver la nuit dans un recoin poussiéreux de son esprit ne concrétisera aucune idée et qu’au réveil, on verra que ce n’était que vanité (je paraphrase T. E. Lawrence). La deuxième manière d’esquisser l’avenir, c’est de tenter de réaliser ses rêves, quoique teintés de plus de réalisme et d’un peu moins d’idéalisme. Tel est le choix que j’ai fait.

Ma Suisse de 2030 sera d’abord plus sociale, car l’ultralibéralisme né dans les années Reagan et Thatcher a causé de profonds dégâts. Dans notre pays, cela s’illustre par un affaiblissement généralisé des assurances sociales, principaux piliers de notre (très modeste) redistribution des richesses : l’AVS ne permet plus de vivre dignement sa retraite ; la LPP, si le projet monstrueux du Parlement passe, s’effritera pour la grande majorité de la population ; l’AI a exclu de si nombreux cas de son champ d’application que l’aide sociale a partout explosé ; l’assurance-chômage fait moins parler d’elle dans l’actuelle pénurie de main d’œuvre, mais si la situation économique vient à changer, les grossières coupes qu’elle a subie se verront cruellement.

La population suisse en a marre. Elle veut une retraite digne. Elle veut une protection convenable contre les aléas de la vie. Et ce n’est pas parce que nous avons connu des échecs sur ces thèmes que nous devons sombrer dans le défaitisme. Ma Suisse en 2030 aura renforcé ses assurances historiques, qui sont toutes fondamentales. Le combat commence en 2024 avec les votes sur la réforme de la LPP, sur l’initiative des jeunes PLR pour travailler jusqu’à ce que mort s’ensuive (la bien mal nommée « initiative sur les rentes ») et sur l’initiative pour une 13e rente AVS.

La Suisse de 2030 doit aussi être plus solidaire. On peut là encore avoir de l’espoir sans verser dans la profession de foi. La population sait que pour la santé par exemple, le vieillissement démographique ne nous laisse pas le choix : soit nous renforçons la solidarité, acceptons de baisser les primes, remettons de l’ordre dans ce système ultralibéral dysfonctionnel, donnons enfin des compétences aux collectivités publiques pour maîtriser la hausse des coûts, instaurons une assurance-maladie publique et sociale ; soit nous acceptons un système de santé à deux ou trois vitesses, où les moins riches ne seront plus soignés ou alors très mal. Je suis convaincu que notre population ne veut pas de la deuxième option. Elle nous soutiendra.

Enfin ma Suisse de 2030 sera plus durable. Nous devons lutter contre le dérèglement climatique pour garantir que notre planète ne se retourne pas contre nous, ce dont on voit désormais (trop) clairement les prémisses. Je crois que si l’on tient compte de la contribution que chacun peut faire, sans oublier qu’elle dépend forcément de la capacité économique, la population soutiendra ces réformes, comme elle a validé la loi climat.

Ma Suisse en 2030 par Baptiste Hurni

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