NO
Article du point
Ma Suisse en 2030 par Théo Huguenin-Elie

L’exercice de la projection vers l’idéal consiste forcément à admettre l’« utopie ». C’est un acte philosophique dont l’auteur est volontiers qualifié par les sots de « doux rêveur ». Il s’agit en fait de refuser les vicissitudes et autres injustices pour définir un idéal et pour y tendre. En d’autres termes, ce processus mental est l’apanage des esprits libres et humanistes. Aussi je m’y livre volontiers.

En 2030, grâce à un effort constant, nous savons déjà que les objectifs 2050 de la Confédération en matière de stratégie énergétique seront dépassés. Il s’agit donc de les repréciser avec plus d’ambition. L’autoconsommation est la règle ; les progrès en termes de stockage d’énergie sont conséquents ; la voiture individuelle, désormais proscrite des centres-villes, devient l’exception. Les investissements dans les transports publics sont massifs et les mœurs changent : pour des questions de qualité de vie et de respect de notre environnement, nous tendons à rapprocher les lieux du domicile et du travail. Ceux qui ne peuvent le faire profitent des nouvelles possibilités de télétravail.

En 2030, l’égalité des genres s’impose comme une évidence, les nécessaires combats et manifestations apparaissent lointains. Après la formation et la recherche, après l’administration et les institutions politiques, les femmes œuvrent au même titre que les hommes dans les entreprises. Cette évolution est l’étape clé, celle qui permet des avancées fulgurantes : congé parental, structures d’accueil, temps de travail, partage des tâches, mentalités…

En 2030, la Suisse est capable de regarder au-delà des crêtes de l’égoïsme et de l’autoglorification rassurante. Elle cesse d’avoir peur de l’autre pour s’inscrire dans une attitude d’ouverture et de collaboration. Deux conséquences : la politique d’asile évolue vers plus d’humanité et les liens avec l’Union européenne se renforcent. Étonnamment, c’est grâce à la relance du projet d’adhésion que le dialogue portant la protection des travailleurs dans une Suisse intégrée à l’Europe trouve des solutions acceptables.

Enfin en 2030, le pouvoir d’achat des Suisses s’est singulièrement amélioré. La transition énergétique et l’intensification des rapports avec l’Union européenne ont soutenu l’économie. Les salaires ont progressé, a minima, en s’adaptant à un indice des prix à la consommation dont le calcul désormais intègre les primes d’assurance-maladie. Celles-ci tendent enfin à fléchir ; l’ouverture de très nombreux cabinets de médecins généralistes n’y est sans doute pas étrangère ; en effet, les généralistes retrouvent du temps pour prendre plus largement en charge leurs patients, évitant ainsi le recours précipité et coûteux aux spécialistes et aux plateaux techniques. Cette augmentation du pouvoir d’achat permet aux Suisses de mieux soutenir les commerces de proximité ; quant aux achats on-line, surtaxés, ils sont reconnus comme une absurdité en regard de la durabilité.

En quelques mots, en quelques fragments, voici un aperçu d’une Suisse socialiste en 2030.

Ma Suisse en 2030 par Théo Huguenin-Elie

NOUS UTILISONS DES COOKIES

En poursuivant votre navigation sur notre site vous consentez à l’utilisation de cookies. Les cookies nous permettent d'analyser le trafic et d’affiner les contenus mis à votre disposition sur nos supports numériques.