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Pourquoi applaudir ne suffit-il pas ?

Au début de cette pandémie, quand, depuis mon balcon, j’ai entendu mes voisins applaudir, les larmes me sont montées aux yeux. L’espoir de la reconnaissance ! La population mesurerait-elle l’importance du personnel soignant ? Y aurait-il une prise de conscience des autorités ? Et puis l’attente… l’attente de voir son métier enfin reconnu à sa juste valeur, enfin considéré comme essentiel ! Alors oui, voir le OUI l’emporter le 28 novembre vaudrait bien plus que toutes les ovations !

L’héritage historique du métier de soignant est encore profondément ancré dans les mentalités. Au Moyen Âge, principalement organisé par les ordres religieux, le soin est bénévole, en lien avec la charité et exercé surtout par des religieuses ayant le sens du sacrifice. Aujourd’hui encore, malheureusement, prendre soin des enfants et des ainé∙es est considéré comme une prédisposition naturelle féminine qui doit s’exercer gratuitement. Alors si le travail de « care » invisible, individuel et gratuit effectué principalement par les femmes est encore loin d’être reconnu, la profession infirmière, elle, au moins, doit être respectée et revalorisée.

En effet, l’état des lieux est catastrophique. Plus de 40 % des soignants quittent la profession prématurément1. Plus de 11 000 postes ne sont pas pourvus dans les soins, dont 6200 postes d'infirmières et infirmiers (Jobradar, février 2021). La Suisse ne forme que 43 % de son personnel soignant diplômé alors que d'ici 20302, il faudra 65 000 soignants supplémentaires car le nombre de personnes de plus de 65 ans aura presque doublé (entre 2014 et 2030)3. Au vu de ces quelques chiffres, le oui à l’initiative « Pour des soins infirmiers forts » s’impose.

La concrétisation de l’initiative permettra de remédier à la pénurie de soignants et de garantir la qualité des soins. Car nous sommes dans l’urgence ! La profession doit réellement être reconnue comme essentielle par des conditions de travail décentes. Pour cela, différentes mesures sont nécessaires :

  • Une rémunération appropriée des prestations,
  • La reconnaissance d’un domaine de responsabilités propre aux soins infirmiers,
  • Un plafond fixe du nombre de patient∙es à prendre en charge, pour garantir la qualité des soins infirmiers et la sécurité des patient∙es,
  • La promotion de la formation et de la formation continue par un soutien financier, pour garantir un effectif suffisant de personnel diplômé et compétent dans son domaine d’activité,
  • L’amélioration des conditions de travail (horaires, planifications… réglementés dans une CCT), pour parvenir à concilier vies professionnelle et familiale.

Si nous voulons qu’en Suisse, la pénurie de personnel infirmier cesse et que le nombre d’infirmier∙ères formé∙es soit suffisant, si nous voulons garantir des soins de qualité à notre population, si nous voulons que les infirmier∙ères soient réellement reconnu∙es comme des travailleuses et travailleurs essentiel∙les, aux conditions de travail décentes, votons OUI à l’initiative !


Observatoire suisse de la santé (Obsan), Rapport 01/2021, Personnel de santé en Suisse : sorties de la profession et effectifwww.obsan.admin.ch/fr/publications/personnel-de-sante-en-suisse-rapport-national-2021.

2 Obsan, Rapport 03/2021, Personnel de santé en Suisse – Rapport national 2021. Effectifs, besoins, offre et mesures pour assurer la relève, www.obsan.admin.ch/fr/publications/personnel-de-sante-en-suisse-rapport-national-2021.

3 Conseil fédéral, Changement démographique en Suisse : champs d'action au niveau fédéral, Rapport du 9 décembre 2016, https://www.bk.admin.ch/bk/fr/home/documentation/aide-a-la-conduite-strategique/rapport-demographique.html.[CM1]




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