Le dernier congrès du Parti socialiste suisse (PSS) s’est tenu ce 25 octobre 2025. Des délégué·es de toute la Suisse ont décidé de soutenir l’« Initiative pour la reconnaissance de l’État de Palestine ». Le soutien du parti à cette initiative s’inscrit comme un geste bienvenu, mais il ne doit pas masquer le fait que ce positionnement reste tardif.
Une décision encourageante…
Réunis en Congrès, les délégué·es ont adopté une résolution dans laquelle le PSS se prononce pour la reconnaissance de l’État de Palestine comme « État souverain et indépendant ». Et ce conformément au texte de l’initiative : une modification de la Constitution qui imposerait au Conseil fédéral, en cas d’acceptation par le peuple et les cantons, « d’adresser au Secrétaire général de l’ONU […] une déclaration en ce sens dans un délai de trois mois ». Il a été rappelé que la reconnaissance de la Palestine est « une condition indispensable à la construction d’une paix juste et durable au Proche-Orient, qui respecte l’égalité des droits de tous les peuples vivant sur la même terre ».
On peut se réjouir de cette avancée : par cette prise de position, le PSS montre qu’il entend traduire ses principes de justice en actes concrets.
…mais un soutien tardif
Cependant, l’attente aura été longue, et ce n’est pas fini. Le PSS a déjà été interpellé à plusieurs reprises pour exiger du gouvernement suisse une position plus ferme sur le génocide à Gaza, sur la question des réfugié·es palestinien·nes et sur le respect du droit international. Ce n’est qu’en mai 2025 que le parti national a dénoncé la « situation humanitaire catastrophique à Gaza » et pointé le manque de fermeté du Conseil fédéral. Il aura donc fallu que la crise s’aggrave et que la société civile se mobilise plus massivement, pour que le PSS finisse enfin par adapter ses propositions, sortant (trop) lentement de sa crainte des accusations d’antisémitisme à la moindre prise de position critiquant Israël. Ce soutien tardif laisse un goût d’urgence rattrapée plutôt que d’anticipation politique et morale.
L’initiative en question
Le comité à l’origine du texte rappelle que plus de 80 % des États de l’ONU reconnaissent déjà l’État de Palestine, mais pas la Suisse – sans surprise, au vu de l’absence de boussole morale du DFAE et de l’absence de voix dissidentes au sein du gouvernement. Pour le parti de la justice sociale, le soutien à cette initiative était attendu. Le PSS envoie le signal que la Suisse doit prendre parti pour la justice et non uniquement pour des considérations purement diplomatiques. Mais cela ne suffit évidemment pas : la pression sur le Conseil fédéral doit être maintenue, le respect des droits fondamentaux surveillé et leurs violations condamnées.
Un moment déterminant pour le PSS
Le PSS pourra-t-il se positionner comme force progressiste, vis-à-vis des militant·es, des mouvements de solidarité, des ONG qui luttent depuis longtemps pour la libération de la Palestine ? Les discussions polarisées sur les deux résolutions traitant du génocide nous ont montré que le chemin qu’il restait à parcourir afin de dépasser les clivages régionaux et politiques était long. Il est temps que le PS Suisse ajoute sa pierre à l’édifice afin de façonner l’histoire, à la condition d’écouter et de dialoguer avec les acteurs des autres mouvements, qui se mobilisent depuis bien plus longtemps que 25 mois. Le temps de la posture est révolu : place à l’action, puis à l’introspection sur le manque de courage des deux dernières années.