Parti Socialiste Neuchâtelois

Le titre de cet article résume – malheureusement – à la perfection ce que propose l’initiative sur les rentes du PLR. En effet, cette initiative propose en premier lieu de porter, pour toutes et tous, l’âge de la retraite à 66 ans. Rien que ça, à peine quelques mois après que le peuple a accepté du bout des lèvres que l’âge de la retraite des femmes soit augmenté à 65 ans. Mais ce n’est pas tout. L’initiative propose ensuite de retarder la retraite mécaniquement si l’espérance de vie augmente. Le tout, évidemment, sans augmenter le niveau des rentes. Dit autrement, pour le PLR, il n’y a qu’une variable dans le système de retraite : l’âge légal du départ à la retraite.

Au passage, cette initiative fera donc perdre un an et assez vite deux ans de retraite à toute la population, soit en moyenne CHF 50 000 par contribuable, ce qui constitue un affront à celles et ceux qui ont travaillé toute leur vie. C’est encore plus choquant quand on sait que l’AVS n’en a absolument pas besoin. En effet, l’AVS a en réserve 98,4 % des engagements financiers d’une année, ce qui signifie qu’elle pourrait avec sa propre fortune payer un an de rentes ! Quant aux comptes de l’AVS, ils ont certes été déficitaires en 2022, mais uniquement à cause des mauvais résultats des placements financiers. Pour le reste, ils ont été bénéficiaires en 2019, 2020 et 2021 !

Chères et chers camarades, formuler les exigences de cette initiative, c’est déjà savoir que nous allons toutes et tous voter un grand non. Car ce texte est mortifère et stupide sous tous les angles. D’abord, il fait totalement abstraction de la situation du marché du travail. Qui retrouve un travail à 55 ans ? Même dans l’actuelle situation de pénurie de main-d’œuvre, c’est très compliqué. Ensuite, il ne se préoccupe pas de la réalité sociale du pays : alors que les rentes sont trop faibles aujourd’hui, entrainant une paupérisation de la population qui a construit ce pays, le PLR propose de travailler plus pour avoir moins !

Troisièmement – c’est peut-être le pire de la part d’un PLR qui se pique de comprendre quelque chose à l’économie –, l’initiative ignore totalement la situation économique de l’AVS, qui est bonne et n’a nullement besoin de ces absurdes restrictions de prestations. Qu’importe, répond la droite, que le petit peuple travaille davantage !

Car oui, et c’est la quatrième raison de refuser ce texte : il est profondément inégalitaire. Aujourd’hui déjà, les retraites anticipées sont avant tout la réalité de la population la plus riche. L’initiative ne fera que renforcer ce déséquilibre : celles et ceux qui gagnent le moins, souvent dans des métiers de surcroît pénibles, travailleront toujours plus longtemps alors que celles et ceux qui gagnent le plus voudront – et on les comprend bien – profiter d’une vie après l’activité professionnelle, avant que la maladie et la vieillesse ne les rattrapent.

Et allez, pour la route, un dernier défaut : l’initiative ne permet aucune exception pour les professions particulièrement pénibles, policiers, pompiers, etc. En cas d’acceptation, toutes les exceptions, négociées très difficilement durant des décennies, passeront à la trappe.

À Berne, quand une idée vraiment ridicule est exprimée, on parle d’une Schnapsidee. Et c’est tout ce qui doit rester de cette initiative : une idée, aberrante, enterrée très largement par la population, qui doit une fois pour toutes dire au PLR : on a le droit de vivre dignement sa retraite, même sans avoir été banquier ou assureur.