YES
Article du point
Une cause juste mais une initiative dont personne ne veut

Le 13 février, le peuple suisse doit se prononcer sur l’initiative visant à interdire les expériences sur les animaux et les humains dans le cadre du développement de médicaments et de traitements. S’il est salvateur que le principe d’expérimentation sur des êtres vivants éveille chez tout humaniste une forme de crainte et de méfiance, cette initiative se révèle bien trop extrême et contre-productive. Le Conseil national recommande ainsi à l’unanimité de la refuser.

En substance, l’initiative demande l’interdiction totale de toute expérimentation sur les animaux et les humains. De plus, les produits développés à l’étranger grâce à des expériences sur les animaux ne pourraient plus être importés. Enfin, la recherche sans expérimentation animale devrait recevoir au moins autant d’aides publiques qu’en reçoit aujourd’hui la recherche avec expérimentation animale.

En cas d’acceptation, cette initiative mettrait en péril le progrès médical et l’accès à des traitements de qualité, tant pour les humains que pour les animaux. En effet, l’élaboration de nouveaux vaccins ou médicaments nécessite plusieurs étapes, dont souvent des essais sur des humains et des animaux, pour en garantir l’efficacité, lar sûreté et l’innocuité. Dans plusieurs domaines, il est pour l’heure impossible de se passer de ces essais. C’est notamment le cas pour la recherche sur des maladies graves et très répandues comme celles liées au système nerveux et les cancers.

Le Parti socialiste s’est toujours engagé pour que l’ensemble de la population puisse bénéficier des traitements de la meilleure qualité possible, à la pointe de la recherche. Les progrès de la médecine ont été un facteur clé au long de l’histoire permettant d’améliorer les conditions d’existence de la population et à notre société moderne de se développer. L’acceptation de l’initiative constituerait un pas en arrière sans précédent et ferait de la Suisse un îlot marginalisé en matière de recherche médicale, privé d’accès aux traitements les plus performants.

Il convient de relever que le cadre juridique suisse est d’ores et déjà contraignant. Loin des scandales que nous avons en tête, il est par exemple impossible en Suisse de recourir à l’expérimentation animale pour développer des cosmétiques. Une utilité patente doit être prouvée, ainsi que l’absence de méthodes alternatives. Ces normes ont permis une évolution favorable ces dernières décennies : le nombre d’animaux impliqués dans des expériences a été divisé par quatre entre 1980 et 2019.

Bref, l’initiative n’est pas acceptable. Il n’en demeure pas moins qu’à mon sens – et certain∙es d’entre vous partagent probablement cet avis –, l’expérimentation animale est une forme de maltraitance (que l’on peut juger inévitable dans certains cas) envers les animaux. La gauche s’est d’ailleurs engagée au Parlement fédéral pour l’établissement d’un contre-projet, malheureusement balayé par la droite. Ce contre-projet s’inscrivait pleinement dans la « règle des 3 R » : réduire le nombre d’animaux en expérimentation, raffiner la méthodologie utilisée, remplacer les modèles animaux lorsque cela est possible.

 La thématique hautement émotionnelle traitée par l’initiative a déjà été portée à plusieurs reprises devant la population suisse. Aujourd’hui encore, face à un texte bancal et extrême, seul un grand NON est envisageable. Espérons que les prochaines propositions en la matière permettront d’envisager des solutions concrètes et équilibrées.

Une cause juste mais une initiative dont personne ne veut

NOUS UTILISONS DES COOKIES

En poursuivant votre navigation sur notre site vous consentez à l’utilisation de cookies. Les cookies nous permettent d'analyser le trafic et d’affiner les contenus mis à votre disposition sur nos supports numériques.